1975: CLONAGES ET RESURRECTIONS

1975 est à marquer d'une pierre blanche dans l'histoire Marvel. On a alors relancé un titre qui avait été supprimé pour cause de mauvais résultats et qui, cette fois, allait faire exploser les ventes et donner naissance à une des plus prestigieuses familles de super-héros. Cest en 1975, en effet, qu'apparurent les "nouveaux" X-Men.

A priori, pourtant, c'est la reconceptualisation d'un autre classique Marvel qui devait créer l'événement cette année-là, avec la première apparition du clone de Spider-Man. Si les têtes pensantes avaient décidé à l'époque que le personnage connu depuis sous le nom de Ben Reilley était le véritable Spider-Man, il aurait disparu de son propre magazine... pour un bail de 20 ans!

Arrêtons-nous un instant sur le grand-changement-qui-aurait-pu-être, avant de parler du changement-qui-a-marché, la redistribution des X-Men.

Gerry Conway et Ross Andru, respectivement scénariste et dessinateur d'AMAZING SPIDER-MAN, avaient déjà créé le Chacal qui était, en quelque sorte, leur version du Bouffon Vert des origines: un criminel génial et ricanant dont l'identité restait enveloppée de mystère et dont le chemin ne cessait de croiser celui de Spider-Man. Après avoir confié au Punisher la mission de supprimer le Monte-en-l'Air, le Chacal fit alliance avec un nouveau comparse, le Grizzli, catcheur en perte de vitesse à qui un costume spécial conférait une force surhumaine. Malheureusement, le harnachement en question lui donnait aussi l'air d'un gros ours à visage humain.

Deux épisodes après que Spider-Man eut expédié le Grizzli au tapis, Gwen Stacy, sa défunte fiancée, refit surface. Mais ce qui est trop beau est rarement vrai. Entre les épisodes 147 et 149, tous les morceaux du puzzle imaginé par Gerry Conway se mirent en place. On découvrit que le Chacal était le Pr Miles Warren, le prof de biologie de Parker, introduit dans la série dès les années 60 par Stan Lee et Steve Ditko - le nombre d'amis et connaissances de Peter qui ont tourné aux super-vilains, franchement, ça donne le vertige! Warren, homme de goût mais mentalement instable, s'était pris de passion pour une de ses étudiantes... Gwen la belle en personne! Sans leur donner plus d'explications, il avait prélevé des échantillons de tissu à Gwen et Peter. Le professeur se livrait, en fait, à des recherches sur le clonage. Quelques décennies plus tard, la nouvelle génération de scénaristes planchant sur Spider-Man nous révélerait que cet intellectuel aimable et discret avait été un temps l'assistant du Maître de l'Evolution dans ses installations futuristes de Wundagore!

La mort de Gwen fut un choc terrible pour Warren qui commença à perdre la tête. Pour lui, comme pour tout le monde, Spider-Man était responsable de la disparition de la jeune fille. C'est à cette époque qu'il créa des clones de Gwen et de Peter à partir de leurs échantillons tissulaires. Son assistant Anthony Serba désapprouvant ces expériences, il le tua dans un accès de rage meurtrière. Et ce crime le fit définitivement basculer dans la folie. Refusant d'admettre sa culpabilité, Warren finit par se convaincre que le meurtre avait été commis par son double maléfique qu'il baptisa le Chacal. Bref, comme tant d'autres personnages Marvel, Warren était atteint de dédoublement de la psyché. Sa nouvelle personnalité s'empara de son esprit, et il n'eut alors de cesse de se venger de Spider-Man, responsable de la mort de Gwen. Le Chacal vieillit l'un des clones de Gwen pour lui donner l'âge qu'elle avait à sa mort, puis il l'hypnotisa pour le tenir sous contrôle. C'est ce double qui vint bouleverser l'existence de Peter (voir plus haut). Ayant découvert que ce dernier n'était autre que Spider-Man lui-même, le Chacal façonna un de ses clones à l'image de Parker pour servir un plan diabolique. Ainsi fut créé le double qui devait plus tard défrayer la chronique arachnéenne sous le nom de Ben Reilley.

Le Chacal frappa un grand coup dans SPIDER-MAN 149 : il captura le Tisseur inconscient, dupliqua ses souvenirs, puis les transféra dans le cerveau de son clone. Le vrai et le faux Spider-Man s'éveillèrent en même temps au Shea Stadium de New York City - chacun parfaitement convaincu d'être l'original ! Après avoir kidnappé Ned Leeds, un copain de Spider-Man, le Chacal amorça la bombe à retardement qui devait le tuer, puis il ordonna aux deux Monte-en-l'Air de se battre jusqu'à ce que mort s'ensuive.

Soudain tiré de sa torpeur hypnotique, le clone de Gwen supplia le Chacal de laisser s'exprimer sa véritable personnalité. Warren changea alors subitement d'attitude. Il essaya de désamorcer la bombe, en vain. Il périt dans l'explosion - du moins, en apparence - avec l'un des Spider-Men. Mais il s'avéra plus tard que le Warren du Shea Stadium était lui aussi un clone. Le vrai supervisait de loin les événements. Le Spider-Man qui survécut à cet accident dit adieu au clone de Gwen pour toujours. On apprendrait vingt ans plus tard qu'elle avait fini par épouser un clone de Warren. Après cela, Spider-Man se retrouva face à une terrible énigme: était-il, oui ou non, le Peter Parker d'origine? L'architecte de ce cycle, Gerry Conway, abandonna AMAZING SPIDER-MAN au n° 149. Ce fut donc Archie Goodwin, son successeur, qui eut la lourde tâche de résoudre le problème. Il envoya Spidey consulter son ami le Dr Curt Connors pour trouver la solution.

Avec le recul, on se dit que le nœud gordien était facile à trancher. Le clone, plus récent, ne devait pas présenter les mêmes signes "d'usure" que l'original. Outre les cicatrices que lui avaient laissées ses combats, Peter Parker avait sûrement dû recevoir des soins dentaires dont on ne trouverait pas trace sur son double. Mais Goodwin préféra une astuce plus poétique. Dans AMAZING 140, Spider-Man réalisa qu'il était toujours amoureux de Mary Jane Watson. Or, au moment où les échantillons avaient été prélevés, Gwen vivait encore, et de sentiment pour Mary Jane il n'était pas question. Peter résolut de faire confiance à son intuition et d'envoyer au diable les résultats d'analyses de Connors. Il était désormais convaincu d'être le vrai Peter Parker. Mais ce genre d'argument, si attendrissant soit-il, ne prouve rien du tout. Le Chacal avait transféré au clone les souvenirs de Spider-Man... Donc, y compris ceux de son amour pour Mary Jane!

Puis, au 151ème épisode, le Tisseur, convaincu que l'amour vient à bout de toutes les difficultés, largua joyeusement son clone dans une cheminée d'usine - un enterrement plutôt bâclé! - et poursuivit son chemin comme si de rien n'était, oubliant la règle n° 1 de la continuité Marvel... Loi selon laquelle une boîte d'asticots, si étanche qu'elle soit, finit toujours par attirer les curieux. Il aura tout de même fallu vingt ans pour qu'on songe à reprendre la Saga du Clone, remettre le Chacal à flot, ressusciter le double de Spidey et exhumer de sa cheminée ce qui finalement n'était que le squelette d'un énième clone! C'est à ce moment-là que Peter se mit vraiment à douter, et les lecteurs passèrent deux ans à se demander avec angoisse qui, de Peter Parker ou de Ben Reilley, était le personnage d'origine. Vous le savez probablement, au départ, il avait été établi que Ben serait le vrai Spider-Man. Mais finalement, on opta pour la solution contraire: Ben serait le clone et Peter l'original.

Mais à la Maison des Idées, les héros ne sont pas seuls à prendre de temps en temps un coup de neuf. Les scénaristes et les responsables Marvel succombent régulièrement à la tentation de tuer la version originale de tel ou tel vilain pour le remplacer par un modèle revu et corrigé. Puis, quelques années plus tard, les auteurs changent, on trouve que le premier personnage était beaucoup mieux et on le ressuscite... Stan Lee lui-même tenta de réactualiser le Vautour des origines dès les années 60, puis se ravisa. En 1975, on annonça le décès de Mystério qui fut remplacé par un individu plutôt rebutant. On attendit quatre ans le retour en scène du vrai Quentin Beck. La même année, on introduisit de nouveaux personnages dans l'entourage de Spider-Man dont Glory Grant, la secrétaire de J. Jonah Jameson et l'irascible Mamie Muggins, propriétaire de l'immeuble où logeait Peter Parker - à l'époque, le fait qu'un étudiant eût les moyens de louer un appartement dans le quartier de Soho à Manhattan ne faisait encore tiquer personne... Dans GIANT-SIZE SPIDER-MAN #3, le Tisseur rencontra un ancêtre des super-héros de comics, l'illustre premier rôle des séries pulp, le grand Doc Savage en personne, dont Marvel détenait toujours les droits de publication en BD. Dans MARVEL TEAM UP, Spidey s'empoigna avec Dom the Backwards Man (Dom, l'homme à rebours) et le baron Ludwig Von Shtupf. On découvrit aussi dans TEAM UP 39 et 40 les versions rajeunies de deux mystérieux truands masqués venus de la période Ditko: Crime-Master et Big Man. Crime-Master II, fils du premier vilain du même nom, abattit un jour son rival. Il s'aperçut alors avec horreur que sous le masque et le costume rembourré du nouveau Big Man, se cachait sa bien-aimée, la fille du reporter Frederick Foswell, "Big Man".

GIANT-SIZE SPIDER-MAN était un des nombreux magazines géants trimestriels publiés en ce temps-là par Marvel, dont la plupart étaient des suppléments à des séries régulières. On décida alors de relancer les X-Men dans un nouveau trimestriel intitulé GIANT SIZE X-MEN. Bizarrement, on publia des réimpressions dans le premier numéro. C'est seulement ensuite qu'on eut droit à des inédits avec notamment l'épisode intitulé "Deuxième genèse". Tous les habitués de cette chronique le savent : X-MEN avait été supprimé quelques années auparavant. Le titre n'avait jamais connu un franc succès, et les ventes avaient fini par dégringoler dangereusement. Pourtant, Marvel avait rapidement sorti une réimpression de la série, en conservant la numérotation d'origine. La vente directe n'étant pas encore passée dans les moeurs, la publication d'épisodes uniques était toujours aléatoire. Les X-Men comptaient de nombreux fans parmi les nouveaux scénaristes de Marvel, tous lecteurs assidus des années 60. Les mutants étaient apparu ponctuellement dans d'autres parutions, notamment CAPTAIN AMERICA et MARVEL TEAM UP. Le Fauve eut même droit à quelques aventures en solo dans le magazine AMAZING ADVENTURES. Fait significatif, le personnage avait été retravaillé en vue de cette réapparition. L'adolescent d'aspect somme toute normal, mis à part des pieds et des mains disproportionnées, était désormais couvert de fourrure et ressemblait plus à un animal qu'à un homme.

Jusque-là, chez Marvel, lorsqu'une série disparue était remise sur le marché, on modifiait relativement peu le personnage principal: Hulk avait perdu une partie de son intelligence en resurgissant dans TALES TO ASTONISH, mais à part ça, rien n'avait changé; DOC STRANGE, affublé d'un look super-héroïque selon les canons de l'époque ne tarda pas à reprendre son apparence première. Pourtant, dans les années 50, lorsque DC décida de tirer de l'oubli les anciennes séries de l'Age d'Or, on n'hésita pas à relooker radicalement les personnages. Ainsi, au lieu de calquer le nouveau GREEN LANTERN sur son aîné Alan Scot, l'homme à l'anneau magique, DC inventa de toutes pièces le personnage d'Hal Jordan et l'environnement de science-fiction où il évoluait. En relançant les X-Men, Marvel suivit à peu près le même schéma. Sans doute, les mutants s'inscrivaient dans la continuité, mais on pensa qu'il était impossible de produire un succès sans refaire de A à Z le casting de la série et donner aux personnages des origines très typées. Refondre l'équipe des Vengeurs dix ans auparavant s'était déjà avéré payant.

Ce fut, semble-t-il, Roy Thomas, alors rédacteur en chef chez Marvel, qui eut l'idée de faire des "nouveaux" X-Men une formation internationale. Déjà sous la haute autorité de Lee/Kirby et de Thomas/ Neel Adams, les super-héros avaient parcouru une bonne partie de la planète. En leur adjoignant des équipiers d'origine étrangère, on voulait sans doute faire comprendre aux lecteurs que désormais leurs activités dépasseraient largement le périmètre du Comté de Westchester et de l'Etat de New York. En outre, Thomas avait sûrement remarqué que Marvel, à de rares exceptions près - en faveur notamment de la Panthère Noire -, s'était borné à mettre en scène des super-héros made in USA. Le moment lui paraissait venu d'introduire des personnages originaires d'autres pays. Il avait déjà suggéré au scénariste Len Wein de créer le mutant canadien Wolverine pour l'enrôler plus tard chez les X-Men. Ledit Wolverine avait débuté l'année précédente dans INCREDIBLE HULK. Len Wein, dont la réputation de scénariste n'avait mis que quelques années à s'établir, rédigea la première aventure des "nouveaux" X-Men.

Peu après, on lui confia la série SPIDER-MAN. Il travaillait alors en équipe avec le dessinateur Dave Cockrum qui avait connu une belle réussite avec LEGION OF SUPER-HEROS chez DC. Si vous possédez les oeuvres coproduites par Wein et Cockrum pour GIANT-SIZE X-MEN, allez y jeter un oeil. Dans l'épisode, d'ouverture, Cockrum réunit tous les X-Men d'origine, y compris les dernières recrues Havok et Lorna Dane - qui ne s'appelait pas encore Polaris. Tout ce beau monde disparut mystérieusement sur une île des Tropiques. Seul Cyclope put regagner l'hôtel du Pr Xavier. Ce dernier entreprit alors de parcourir le monde, à la recherche d'une nouvelle équipe d'X-Men à envoyer au secours de la première.

Xavier alla d'abord au Canada pour tenter de convaincre Wolverine et il n'eut pas besoin d'argumenter longtemps. Le mutant griffu, qui devait en avoir assez du Département H, donna aussitôt sa démission à son supérieur, le Commandant Chasen. Au passage, il se paya même le luxe de lui lacérer sa cravate d'un coup de griffes. Sa défection provoquerait par la suite des tensions avec le Département H. D'autre part, deux mutants étrangers, créés par Thomas pour la série originale, reprirent du service chez les nouveaux X-Men : le Hurleur, citoyen irlandais, et le Japonais Sunfire qui tira sa révérence à l'issue de leur première aventure. Sans doute n'avait-il jamais eu l'intention de devenir membre régulier. Il avait fait une apparition, histoire d'empêcher les fans de se demander pourquoi on ne l'avait pas sollicité. En Allemagne, Xavier arracha le mutant télé porteur Kurt Wagner à une foule en délire qui voulait le lyncher. Le professeur passa ensuite en Union Soviétique où il contacta Peter Raspoutine, un garçon de ferme capable de se métamorphoser en colosse d'acier doté d'une force surhumaine. Cette occasion permit à Xavier et aux lecteurs d'apercevoir Illyana, la petite sœur de Peter, futur membre des Nouveaux Mutants. En Afrique, Xavier rencontra Ororo, une superbe jeune femme qui avait le pouvoir de contrôler les éléments et que les indigènes adoraient comme une déesse. Elle fut le premier X-Man de race noire. Pour finir, dans le sud-ouest des Etats-Unis, Xavier découvrit l'impressionnant John Proudstar, deuxième super-héros amérindien de I'univers Marvel - le premier était Red Wolf des Vengeurs. De retour à l'hôtel, le, professeur attribua à chacune de ses nouvelles recrues un costume et un nom-code. Wagner devint Diablo (Nightcrawler), Peter Colossus, Ororo Tornade (Storm) et Proudstar prit le nom d'Epervier (Thunderbird).

Cyclope conduisit les membres de la nouvelle équipe sur l'île mystérieuse. Là, ils sauvèrent leurs prédécesseurs in extremis avant que la terre arrachée au plancher océanique ne disparût dans l'espace. Krakoa, l'île Vivante, était en réalité un mutant colossal, qui se nourrissait de l'énergie vitale de ses captifs. Malgré un séjour éprouvant, les anciens X-Men, flanqués de leurs sauveteurs, arrivèrent dans le Westchester en pleine forme. La situation devenait alors délicate pour Xavier. Comment allait-il diriger une équipe de treize héros ? On s'en doute, Thomas, Wein et Cockrum avaient leur petite idée. Dès l'épisode suivant, les X-Men d'origine prirent congé, à l'exception de Cyclope qui, au cours d'une scène pathétique, refusa de quitter le Q.G. pour suivre sa bien-aimée Jean à travers le vaste monde. Mais aucune tentative pour séparer ces deux-là n'a jamais abouti et Jean serait de retour dans la série moins d'un an plus tard.

La saga suivante fut l'oeuvre de Wein. Elle devait paraître au départ dans GIANT SIZE X-MEN #3. Mais entre temps, on décida de transférer les X-Men dans leur propre bimestriel. Eh oui, à l'époque, certaines séries paraissaient tous les deux mois ! L'histoire fut donc coupée en deux. Les nouveaux X-Men reprirent la numérotation des réimpressions, ce qui explique que la nouvelle série débuta au n° 94. L'intrigue remit en scène le Comte Nefaria, un ancien ennemi des X-Men, qui s'était emparé de la base de la NORAD, sise sur le Mont Valhalla dans les Rocheuses, ce qui lui permettait de contrôler l'ensemble du parc de missiles américain. Les X-Men intervinrent et neutralisèrent évidemment Nefaria. Mais son dénouement-surprise rend l'épisode inoubliable. L'impétueux, Epervier sauta sur la carlingue du jet à bord duquel Nefaria tentait de prendre la fuite, juste avant son explosion. Peut-être était-ce là une façon d'annoncer la fin de l'Age d'Argent Marvel. Wein savait qu'il interloquerait les lecteurs en tuant un héros à l'aube de sa carrière. Et on peut dire que le scénariste n'a pas manqué son coup : l'effet de surprise à la fin du 94ème épisode est réel et dramatique.

Tout événement de cette amplitude a, bien sûr, des répercussions sur l'univers Marvel. Plus tard, James Proudstar, le frère de John, reviendrait sous le nom de Thunderbird crier vengeance contre les X-Men, responsables selon lui de la mort de son aîné. Finalement, il adopta le nom-code Warpath et rejoignit X-Force, une autre équipe de mutants.

Aussi surprenant que cela puisse paraître aujourd'hui, Len Wein abandonna peu après la série dont il était le co-créateur. Il était, c'est vrai, débordé de travail et dirigeait entre autres la série SPIDER-MAN. Et puis, il ne pouvait pas prévoir l'avenir grandiose qui attendait les X-Men. Mais même si les lecteurs avertis ont flairé une future série culte, elle ne devint une bombe commerciale que vers le milieu des années 80. Wein a souvent affirmé au cours d'interviews que les nouveaux X-Men auraient été très différents s'il était resté à la barre. Il avait pensé faire de Colossus le héros central et de Diablo un personnage amer et angoissé. Et il voyait en Wolverine un adolescent étourdi et coléreux! Le synopsis de Wein pour X-MEN 94 et 95 fut confié à un scénariste pratiquement inconnu, mais appelé à devenir un monstre sacré de la maison Marvel: Chris Clarernont. Le reste appartient à l'histoire !

Claremont venait de reprendre la série IRON FIST dans MARVEL PREMIERE. C'est lui le barbu que vous avez pu voir dans le 2ème épisode en train d'inviter Danny Rand à faire une partie de base-ball avec le personnel Marvel à Central Park. Dès le numéro 96 de décembre, Claremont avait ses X-Men bien en main. Il élabora l'intrigue avec l'aide d'un autre nouveau venu, Bill Mantlo, mais signa seul le scénario. Il avait déjà fait une allusion aux N'garaïs, des monstres extra dimensionnels genre H.P. Lovecraft, dans GIANT-SIZE DRACULA #2. Dans X-MEN 96, les mutants rencontrèrent l'un d'eux, Kierrok, qui leur donna du fil à retordre. L'épisode introduisait également le personnage du Dr Stephen Lang, fort occupé alors à mettre ses sentinelles au point. Toujours dans le même chapitre, les lecteurs firent la connaissance d'une consœur généticienne de Xavier, ancien grand amour de sa vie, le Dr Moira McTaggert. Cette écossaise pure et dure se présenta à l'hôtel des X-Men en tant qu'intendante, mais elle montra vite qu'elle avait d'autres cordes à son arc... Notamment contre Kierrok qu'elle n'hésita pas à mitrailler. Claremont envoyait peut-être le bouchon un peu loin, mais il affirmait son intention de bouleverser, par X-Men interposés, l'image qu'on donnait des femmes dans le monde des comics...

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